Donner du sens à l’effort

Je suis Serge Tavitian ; j’ai 54 ans. Je suis issu d’une famille originaire d’Arménie ayant fui le génocide des Arméniens, et d’une famille juive ayant quitté la Grèce pour trouver une situation économique meilleure en France. Heureux comme un juif en France disait-on à l’époque.

Je suis donc un « marseillais de pure souche ».

Il était donc naturel pour moi de m’engager auprès de l’association SOS MEDITERRANEE. Pour cette association jusqu’à présent je ne faisais que de la sensibilisation scolaire. Les bénévoles dont je fais partie interviennent dans les écoles pour parler de l’action de SOS. Ces échanges sont passionnants et la jeunesse est particulièrement sensible à la situation en méditerranée.

Mais j’ai voulu faire plus. Je suis sportif, et j’ai toujours voulu donner un sens à mon effort physique. Le sport est un moyen de rencontrer des personnes et d’échanger. Il est, c’est indéniable, un moyen d’expression politique. Chacun a en mémoire l’image du poing ganté de noir aux jeux de 68 de John Carlos et Tommy Smith, ou ces sportifs connus pour leurs actions (Mohamed Ali pour les noirs américains, le cycliste GINO BARTALI qui a sauvé des juifs pendant la guerre et est un Juste) …On pourrait multiplier à l’infini les exemples.

Je me suis engagé pour le triathlon de Nice qui aura lieu en juin et j’ai voulu donner une signification politique à mon effort, faire passer un message. C’est une folie ; natation en méditerranée (quel symbole) 3,8 kms, 180 kms de vélo et 42,195 kms de course à pied, oui, un marathon, pour terminer. Mais ce n’est rien comparé aux épopées des migrants.

Concourir pour SOS va me permettre de parler de cette association, de la promouvoir et je l’espère de lui rapporter de l’argent.

SOS MEDITERRANEE est une association qui m’est très chère. Je la considère comme notre conscience collective à nous citoyens européens face à l’inaction de l’Europe politique et son incapacité à réagir humainement face aux migrations venant essentiellement d’Afrique subsaharienne. SOS est née de l’insensibilité de l’Europe, de son indifférence face aux drames qui se jouent quotidiennement en méditerranée, de sa renonciation à ses valeurs pourtant fondatrices. Après une brève intervention pour sauver des vies (mare nostrum), l’Europe a choisi de fermer ses frontières et d’abandonner les migrants à leur sort, en les rejetant vers les profondeurs de la méditerranée ou vers la Lybie qu’elle équipe en matériel et qu’elle finance. Chacun sait quel sera le sort des migrants dans ce pays qui n’est plus en Etat.  

Je sais que l’action de SOS est parfois critiquée ; on lui reproche d’être complice des passeurs, de favoriser les traversées, d’être une sorte de taxi que l’on hélerait en pleine mer…pour ma part, je veux promouvoir son action en précisant qu’elle agit pour faire respecter des droits élémentaires ; le droit d’être secouru en mer, le droit à ne pas subir de traitements inhumains et dégradant, le Droit à la vie…

Mon but est aussi, au travers de mon aventure humaine, de réunir 14000 euros.  C’est le prix d’une journée en mer. Si au travers de ce mur qui se dresse devant moi je peux faire parler de SOS et mobiliser des donateurs pour sauver des vies pour une journée de plus en mer alors j’aurais rempli mon objectif. 14000 euros c’est le prix de dizaine de vies sauvées supplémentaires pour une sortie de plus ; pour que la méditerranée, notre mer cesse d’être un cimetière à ciel ouvert.

Pour faire vivre cette aventure, j’envisage de partager mes entrainements et les effectuant avec :

Des sportifs de haut niveau ; je profiterai de cette occasion pour qu’ils me parlent d’eux de leurs projets et bien entendu sur ce qu’ils pensent de l’action de SOS et de la situation en méditerranée.

Des sportifs plus anonymes mais engagés dans leurs propres actions d’inclusions au travers du sport et nous échangerons sur leurs propres aspirations et projets.

J’envisage aussi d’interviewer des intellectuels pour qu’ils puissent partager leurs positions sur l’action de SOS.

Je veux qu’au travers de cette odyssée sportive, on parle de SOS dont l’action n’a jamais été aussi difficile qu’actuellement face notamment aux problèmes qu’elle peut rencontrer près des côtes libyennes.

Mais je veux aussi marquer ma solidarité avec ceux que l’on rejette, ceux qui sont morts en méditerranée.

 

Aidez-moi à aider SOS.